AgromousquetairesLe blé HVE, c’est son rayon
Depuis avril, le pôle boulangerie-pâtisserie des Mousquetaires produit pour Intermarché trois références de pain issu de blé certifié Haute valeur environnementale. Ses fournisseurs ? La Dauphinoise et la Tricherie.
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Le désormais ex-président d’Agromousquetaires, Yves Audo, en est persuadé : « À mi-chemin entre bio et conventionnel, la HVE, c’est l’agriculture du futur. » Ce label correspond au niveau 3 de la certification environnementale, mise sur orbite quasiment dans l’indifférence en 2012 par le ministère de l’Agriculture, mais qui revient sur le devant de la scène. Il est fondé sur des indicateurs de résultats relatifs à la biodiversité, à la stratégie phytosanitaire, à la gestion de la fertilisation et de l’irrigation qui aboutissent à un système de notation de l’exploitation.
Après avoir commencé par le vin, le pôle agroalimentaire des Mousquetaires ne s’y est pas trompé en engageant sa filière boulangerie-pâtisserie dans la production de pains issus de blé HVE. De ses quatre boulangeries industrielles, deux ont commencé à produire des références de pains HVE : les Moulins de Saint-Preuil (Charente), pour la baguette et le pain de 400 g, et le Moulin de la Chaume (Ardèche), pour le pavé de 550 g et bientôt le pain complet. « Pour les références HVE, nous n’ajoutons pas d’agents de correction ni d’additifs, assure Rachel Rossetto, directrice du site ardéchois ultramoderne. Il a donc fallu réapprendre les techniques boulangères artisanales et les inscrire dans un processus industriel. »
33 exploitations au total
En tout cas, cela permet à Intermarché de proposer depuis début avril trois références de pain sous marque La Campanière issu de blé CRC-HVE, et de se dire par là « premier acteur de la grande distribution » à s’engager de la sorte.
Agromousquetaires se fournit depuis 2017 en farine CRC chez la minoterie Degrange, approvisionnée par La Dauphinoise (Isère), et la minoterie Girardeau, alimentée par la Tricherie (Vienne). « Mais nous avons souhaité aller au-delà du cadre CRC et renforcer notre ambition en matière d’agriculture bas intrant, de réduction, voire d’éradication des molécules phytos les plus dangereuses, de développement de la biodiversité, dans une logique de progrès mesurable dans le temps », appuie Olivier Dumont, directeur de la filière boulangerie-pâtisserie.
Face aux bouleversements des marchés mondiaux et des attentes sociétales, « c’est une évidence de s’être lancé dans cette démarche “troisième voie” », appuie Jean-Yves Colomb, président du groupe Dauphinoise. La coopérative a mobilisé, dès la récolte 2018, 18 producteurs, soit 2 500 t de blé CRC-HVE (sur une collecte totale de 120 000 t de blé). « Comme Agromousquetaires voulait aller vite, on a identifié un territoire et des agriculteurs en CRC prêts à convertir leur exploitation en HVE. » C’est la coopérative qui a audité l’ensemble des adhérents puisqu’elle en a l’habilitation, un audit extérieur étant réalisé au niveau de la coop et de certains agriculteurs.
Prix garanti à 200 €/t
Pour accompagner les exploitations certifiées HVE, Agromousquetaires a mis en place des contrats avec un prix d’achat du blé tendre à l’agriculteur de 200 €/t, garanti pendant trois ans. « On s’est mis d’accord sur une moyenne de coût de production à laquelle on a ajouté une marge pour permettre aux producteurs de s’investir dans la transition agroécologique, avance Olivier Dumont. Soit un effort de 35 à 50 €/t par rapport au Matif. » Une prime qui permet à l’agriculteur de réaliser des investissements dans le matériel, dans l’agriculture de précision, et de tester de nouvelles pratiques, selon les quatre piliers de la HVE. « C’est une des filières les plus abouties, cela va plus loin que le bio en termes de biodiversité », avance-t-on à La Dauphinoise, en citant les refuges pour la faune, les spécificités de récolte telles que la hauteur de coupe ou le démarrage de la moisson par le centre de la parcelle. Sur la partie phytos, l’IFT de l’exploitation doit se situer en dessous de la référence régionale.
Objectif 100 % HVE en 2025
« Nous avons déjà identifié une cinquantaine d’exploitations prêtes à franchir le pas », souligne Philippe Lefebvre, directeur développement filières du groupe Dauphinoise, qui attend le signal d’Agromousquetaires. Il ne devrait pas tarder, puisqu’en un mois et demi, la baguette La Campanière CRC-HVE représente déjà 10 à 15 % des ventes de ce type de baguette, alors qu’elle est vendue 0,95 €, soit 10 centimes d’euros de plus que la non-HVE, mais 15 centimes de moins que la bio. « On est très satisfaits du lancement de cette gamme », se félicite-t-on chez Intermarché. Ainsi, Agromousquetaires prévoit déjà de doubler le nombre de ses références de boulangerie HVE d’ici la fin de l’année. Quant à l’enseigne, elle se fixe l’objectif de commercialiser 50 % des pains de la marque La Campanière (78 références à ce jour) sous le label HVE d’ici 2023, et 100 % d’ici 2025. Un défi pour un label à ce stade très peu connu du grand public. C’est pourquoi une présentation de la HVE est diffusée sur l’ensemble des packagings, et via la publicité sur lieu de vente.
Renaud Fourreaux
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